Je frissonnai. Elle semblait me regarder, je ne pouvais pas détourner les yeux, comme si les siens me captivaient. Et si elle était vraiment vivante ? Cette idée me terrifiait. J'essayais de me rassurer moi-même en pensant que c'était moi qui l'avait déplacée sans que je ne m'en souvienne. Même si, au fond, je savais que c'était un gros mensonge. Cet événement se reproduisit toutes les nuits, et il arriva un moment où je ne pouvais plus me mentir à moi-même. La poupée que je possédais était bel et bien vivante, je décidai donc de la jeter hors de ma maison. Je la saisis, je me dirigeai vers le parc et la déposai contre un arbre. Satisfaite, je retournai chez moi, fermai la porte à double tour, les fenêtres et les volets, avant de pousser un soupir de soulagement. Mais cette nuit-là, elle était revenue...

Je ne comprenais plus rien, tout était fermé, mais elle avait réussi à rentrer. Cette fois-ci j'avais décidé de l'ignorer... Qui sait, peut-être qu'elle faisait ça juste pour m'effrayer, si je lui montrais que je n'avais pas peur, elle arrêtera... Je fis donc comme si je ne l'avais pas vue, et soudain elle se mit à parler :

« Yuki, rends-le moi.

Elle connaissait mon nom ? Impossible ! Je persistai à l'ignorer.

-J'ai dit : rends-le moi !

De quoi pouvait-elle bien parler ?

-Yuki, arrête. Je sais que tu m'entends, alors s'il-te-plaît, rends-le moi.

-Tu as fini de me harceler ? chuchotais-je.

-Rends-le moi.

-Arrête !

-Rends-le m...

-Arrête ! hurlais-je. Je ne sais même pas de quoi tu parles, alors arrête !

-Le collier.

Le collier... ? Qu'est-ce qu'elle racontait ? Soudain, je me rappelai. Lorsque j'avais trouvé Celestia, j'avais aussi trouvé un pendentif. Est-ce qu'il s'agissait de l'objet qu'elle cherchait ? Je le pris et lui montrai.

« Tu veux parler de ça ?

-Oui, répondit-elle froidement.

Son visage n'exprimait aucune émotion, elle gardait toujours la même expression : sourcils baissés, yeux demi-clos, bouche fermée. Ce visage inexpressif me donnait une sensation de malaise.

-Que comptes-tu faire avec ça ?

-Ca te regarde ?!

Cette fois-ci elle avait l'air en colère. Elle m'intimidait vraiment, je ne pus que murmurer un petit « Désolée », tellement faible qu'elle ne l'entendit pas.

Elle m'arracha le pendentif des mains puis se leva et commença à marcher vers la porte. Ca me faisait bizarre de voir une poupée bouger. Ses mouvement étaient semblables à ceux d'un robot. Elle avançait lentement, elle devait s'arrêter à chaque pas pour retrouver l'équilibre et ne pas s'effondrer par terre. Je la contemplais longuement. Arrivée à la porte, elle me demanda avec une voix grave d'ouvrir sans m'adresser un regard. Je lui obéis. Avant de sortir, elle me dit, toujours sans me regarder :

« Ne regarde pas. Ne regarde pas, sinon je te tue. »

Je refermai la porte sans rien dire, mais je ne pus m'empêcher de jeter un œil à travers la serrure. Ce que je vis était... Incroyable. Celestia mit le collier autour de son cou, puis elle se mit à grandir jusqu'à devenir une... Humaine, si on excepte le fait que de grandes ailes noires lui avaient poussé dans le dos.

Soudain la porte s'ouvrit. J'eus un mouvement de recul, puis je vis Celestia, sous sa forme d'ange, noir ses yeux me lançant des éclairs.

« Tu as regardé ? »

Ce qu'on pouvait traduire par : « Je vais te tuer. ». En effet, elle sortit quelque chose de sa poche. Je ne voyais pas très bien ce que c'était, mais elle s'approchait de plus en plus et je distinguai clairement un cutter. Je reculai tout en mettant mes mains devant moi pour la calmer. Ces quelques secondes de regard menaçant me parurent des heures et me glacèrent le sang. Enfin, elle finit par se calmer et rangea son couteau. Je baissai les mains lentement, en évitant de croiser son regard.

« Je m'en vais maintenant, me dit-elle. Ne parle à personne de ce que tu as vu, compris ?

-Ou... Oui, d'accord, murmurais-je faiblement, intimidée par ses yeux qui me fixaient comme si elle était la tueuse la tueuse en série et moi la victime.

Elle ouvrit la fenêtre et s'envola.

Je pensais ne plus avoir affaire à elle après cela. Jusqu'à ce que...